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Poumons du Diable (Les)
Fernando Goncalvès-Félix
La Clef d’Argent, NoKhThys, poésie et prose poétique (France), fantastique, 78 pages, 9€

Fernando Goncalvès-Félix nous propose grâce au valeureux éditeur qu’est La Clef d’Argent, son premier recueil de textes poétiques qu’il accompagne de nombreuses illustrations dont il est également l’auteur.

Entre les visions cauchemardesques, souvent teintées d’un humour très noir ou franchement provocateur, et les passages plus sensibles et intimes, « Les Poumons du Diable » est un ouvrage intéressant d’où transparaît un enthousiasme réel et sincère.



Mère de toutes les littératures de l’humanité, la poésie demande un engagement de la part de l’écrivain géniteur qui ne tolère que très rarement, voire jamais, l’à-peu-près.
Autant la prose permet quelques sorties de route vite pardonnées, autant l’art poétique se doit d’être un alliage parfait.
On ne peut donc s’empêcher d’aborder un tel recueil en plaçant la barre de nos espérances textuelles très haut.

Et heureusement pour nous, le très bon est souvent présent, tel dans ce court poème : “Les arbres étaient couchés, ils ne dormaient pas, ils nous écoutaient parler” où l’on retrouve un sens de la concision des plus justes.
Cet exemple n’est d’ailleurs pas unique, Fernando Goncalvès-Félix séduit presque toujours dans ses poèmes les plus succincts.
À l’image de “Remords” (...« et à aucun moment je n’ai vécu ce que j’étais devenu. ») quand le poète se garde d’aborder des rivages trop torturés où il n’a pas forcément grand-chose à gagner. Ainsi “La maison creuse” ou “Le secret” donnent la même impression de justesse grâce à une belle simplicité stylistique.
Loin des afféteries tout juste destinées à faire mousser LE GRAND créateur torturé auprès de quelques crédules, on se souvient que des monuments contemporains de la poésie française comme Jean Follain, Jean Rousselot et même Eugène Guillevic ne sont jamais aussi grands que dans leur recherche du mot juste, utile et nécessaire.

C’est aussi en cela que des passages beaucoup plus communs (... “et je me surprends à arroser d’urine la tête de ceux qui nous ont menti... Les politiciens”) que l’on imagine plus sur des cahiers adolescents que dans cet ouvrage, sont assez décevants. D’autres poèmes aussi, bien qu’intéressants mais volontairement plus provocateurs (« Tue », « Con fondant ») n’ont pas le même attrait. On a parfois l’impression que l’écrivain cède à une certaine facilité là où il aurait du se résoudre à trancher dans le vif de son sujet.
On peut aussi juger qu’une bonne volonté évidente d’aérer la lecture de passages d’une grande noirceur par un humour un peu forcé n’était pas obligatoirement la meilleure des solutions (même si l’idée partait d’un bon sentiment).

Les illustrations proposées sont par contre d’un niveau global beaucoup plus constant, recelant moins de hauts et de bas qu’une écriture poétique qui se cherche encore (à notre très humble avis).
Le trait de Fernando Goncalvès-Félix, déjà croisé dans de multiples revues dont le Codex Atlanticus, est précis, affirmé. Il amène l’œil du lecteur là où le sujet central du dessin l’attend.
On ne sait si les illustrations précédèrent les poèmes ou inversement, mais l’ensemble est le résultat d’un heureux mariage dont on aime par principe la totalité des prises de risques thématiques et graphiques proposées.
Entre déformations de la réalité et visions surréalistes, il y a dans « Les Poumons du Diable » de quoi s’évader dans de multiples contrées que l’on adore fréquenter.

Si le bilan de cette critique peut apparaître mitigé, voire sévère, il faut aussi la peser à l’aune du respect que votre humble serviteur éprouve pour un genre littéraire qui ne pardonne rien.
Évidemment, on peut aussi peser le bon et le moins bon et juger que la balance de ce recueil penche franchement du côté que l’on espérait et par conséquent en recommander l’achat.


Titre : Les Poumons du Diable (poèmes)
Imprimé sur papier bouffant blanc
Auteur : Fernando Goncalvès-Félix
Couverture et illustrations : Fernando Goncalvès-Félix (couverture couleur pelliculée mat)
Éditeur : La Clef d’Argent
Collection : NoKhThys
Numéro : 3
Sites Internet : fiche auteur, fiche recueil (site éditeur)
Pages : 78
Format (en cm) : 11 x 17,5
ISSN : 2102-4308
ISBN : 978-2-908254-79-2
Prix : 9 €



Stéphane Pons
16 juin 2010


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Aperçu (détails) de la quatrième de couverture (« Les Poumons du Diable », La Clef d’Argent, 2010).



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