Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Gendarme et les extraterrestres (Le)
Film français de Jean Girault (1978)
Sortie nationale le 31 Janvier 1979


Genre : Séquelle de série comique à succès en manque d’inspiration
Durée : 1h27

Avec Louis De Funès (Maréchal des Logis-chef Ludovic Cruchot), Michel Galabru (Adjudant Jérôme Gerber), Maurice Risch (Maréchal des Logis Beaupied), Jean-Pierre Rambal (Maréchal des Logis Taupin), Guy Grosso (Maréchal des Logis Tricard), Michel Modo (Maréchal des Logis Berlicot), France Rumilly (Soeur Clotilde), Jacques François (le colonel), Maria Mauban (Madame Cruchot), Jean-Roger Caussimon (l’évêque), Micheline Bourday (Mme Cécilia Gerber), Carlo Nell (le reporter)

De l’incompréhension, voilà ce que l’on ressent au visionnage de cette pellicule... Une grande incompréhension ! Qu’est-ce qui a pu faire germer dans l’esprit du scénariste, du réalisateur et de De Funès l’idée de faire cette suite ? Certes, depuis un moment déjà, la série des « Gendarmes » s’essoufflait, mais cela justifiait-il de la massacrer, en se cachant qui plus est derrière l’aspect SF ?

Pour tenter de donner une réponse à ce mystère, restituons tout d’abord ce qui tient lieu d’histoire au 5ème épisode de cette saga, afin de raffraîchir les mémoires, ou même de la faire découvrir aux chanceux qui ont échappé à ses 65 rediffusions télé ...

St-Tropez. La brigade de gendarmerie locale est toujours d’attaque, et fait en sorte que tout aille pour le mieux dans la région. A sa tête se trouve toujours l’Adjudant Gerber, assisté dans sa lourde tâche par le Maréchal des Logis-Chef Cruchot. Cependant un jour, ce dernier, opérant une patrouille avec le Maréchal des Logis Beaupied, voit leur voiture soudainement tomber en panne.
Cruchot, fort énervé, tente de réparer, et ordonne à Beaupied d’aller se balader en attendant, afin de ne pas l’avoir sur le dos en permanence. Mais Beaupied fait alors une bien étrange découverte, dans une clairière : il voit des extraterrestres, avec la soucoupe et tout le toutim...
Affolé, il fait direct son rapport à Cruchot, qui bien évidemment n’en croit pas un mot. Mais il changera vite d’avis dès lors que lui aussi tombera sur la soucoupe. Il s’agit maintenant pour eux de révéler au monde, et en premier lieu au reste de la brigade, l’existence et la présence à St-Tropez de ces visiteurs. Et cela
va se corser lorsqu’il va se rendre compte que les E.T. peuvent prendre apparence humaine, et qui plus est la leur. Les devinant hostiles, Cruchot découvre qu’ils ont besoin de boire de l’huile de vidange, et que leur faiblesse est qu’ils craignent l’eau, qui les fait rouiller... La brigade va devoir organiser un guet-apens pour piéger les vilains aliens et débarrasser leur tranquille petite bourgade de toute cette engeance malsaine...

Voilà donc le scénario très « inspiré » que nous propose le film de Jean Girault. Il est évident que le but unique de cet épisode est d’exploiter le filon de la saga, jouant sur le capital sympathie des personnages et de De Funès en particulier. Seulement voilà, que pouvait-il leur arriver de nouveau à ces braves gendarmes, après tout ce qu’ils avaient déjà vécu, hein ?
Objectivement, rien. Alors que faire ? S’inspirer de faits divers incluant des gendarmes ! Et qu’est-ce qui fait fureur à cette époque, sur toutes les unes de journaux ? Les témoignages de découvertes d’extra-terrestres, pour lesquelles les gendarmes sont appelés afin de faire un rapport ! Et voilà un scénario en route !
Cruchot affrontant les envahisseurs, en voilà une idée qu’elle est bonne !

En fait l’idée aurait pu être très marrante, si elle avait justement exploité l’aspect canular ou complètement illuminé de ces témoignages, et aurait pu nous mener à une fin à la Scoubidou, avec la révélation de l’identité des faux « E.T. » et explication du subterfuge... Mais non, le film est mauvais parce que déboule dans l’univers des gendarmes de vrais extraterrestres, stéréotypes
des « Envahisseurs » de David Vincent, série diffusée alors à la télé française.
Ils ne sont ni crédibles, ni inquiétants, ni même drôles, ils sont juste affligeants. Les effets spéciaux sont d’une nullité rarement égalée, et ne sont de plus pas revendiqués comme ouvertement parodiques, ce qui contribue au désastre. Et si les extraterrestres étaient le seul point noir du film ! mais non, il y a aussi les acteurs...

Galabru en fait des tonnes et adopte son jeu « à la Max Pécas » dont il a le secret, loin de ses performances de « La Cage aux Folles », « Le Viager » ou « L’été Meurtrier ».
Grosso et Modo viennent jouer comme on pointe à l’usine, Maurice Risch se sent mal à l’aise dans les souliers de Jean Lefèvre (qui pour, une fois, avait eu la sagesse de ne pas tourner dans un navet...), Jean-Pierre Rambal flotte dans le costume de Christian Marin et passe inaperçu (ce qui n’est peut-être pas un mal...), etc, etc...
En fait le seul qu’on pourrait excuser, c’est Louis De Funès, qui bien que moins bon qu’à l’accoutumée, essaye de sauver les meubles, malgré sa visible lassitude et son âge avancé. Mais rien n’y fait. Ce film est à classer au panthéon des daubes innommables, un point c’est tout.

Le plus énervant dans tout ça, c’est le mépris affiché par l’ensemble de la production pour le public. Les afficionnados de la série ne s’y sont pas retrouvés, les amoureux de SF encore moins et le spectateur lambda désirant voir une bonne comédie ne put qu’être déçu.

On notera seulement pour les curieux que c’est dans ce film que Lambert Wilson eut son 1er rôle... Et maintenant, il joue un des rôles principaux dans Matrix 2. Comme quoi, faut bien débuter...

Mars 2003

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Jean Girault
Scénario : Jacques Vilfrid d’après une histoire de Richard Balducci

Producteur : Gérard Beytout

Musique originale : Raymond Lefevre
Photographie : Marcel Grignon et Didier Tarot
Décors : Sydney Bellow

Production : SNC

INTERNET

DE FUNES STORY
- http://www.defunestory.com


Nicolas Sumien
30 mars 1996



JPEG - 21.4 ko



Chargement...
WebAnalytics