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Ranx : l’intégrale
Le Cyborg Punk de retour pour une intégrale en Collection Contrebande
5 mai 2010

Amateurs de punk-rock, de sexe et d’ultra violence, Ranx l’icône cyborg punk est de retour. Non pas pour une nouvelle aventure, malheureux. Tamburini, son créateur, est mort il y a un quart de siècle. Mais pour la parution d’une intégrale de ses exploits de papier. Encore plus fort que « La totale » ou « L’intégrale » Albin Michel, qui regroupait les 2 premiers ou 3 albums édités par L’écho des Savanes, Les intégrales Drugstore réunissent tout Ranx (y compris les premiers épisodes en noir et blanc dessinés par Tamburini à l’époque de Cannibale et des dessins inédits de Liberatore) dans un ouvrage au format américain de 192 pages. A l’heure ou le sandwich se monnaie à quasiment 4€, tout Ranx pour 15€, ça tient de l’attitude punk :-)



Rome 1977-78. Alors que la vague punk déferle sur l’Europe, dans la capitale italienne, stigmatisée par les attentats des brigades rouges, les conflits sociaux et les émeutes étudiantes, Stephano Tamburini (graphiste, concepteur, touche-à-tout issu de la presse alternatif et chef de file des nouveaux futuristes) complète l’effectif du magazine Cannibale (du nom de la revue Dada des années 20) d’un 5ème larron du nom de Tanino Liberatore.

Avec Massimo Mattioli, Filippo Scorazzi, Andrea Pazienza, ils entendent bousculer les habitudes en publiant des BD hautement subversives répondant à une ligne éditoriale des plus radicales : « De la chatte, du blé et des machines ». Cannibale veut témoigner à chaud du quotidien de la rue où se croisent, s’évitent et parfois s’entrechoquent membres de groupuscules d’extrêmes gauches, étudiants, ouvriers, artistes, intellectuels, zonards, délinquants et toxicos. « Des BD de rue, hallucinées, créées en repensant à une situation deux heures plus tard, dans un bar, avec encore l’odeur des lacrymos dans les naseaux » explique Tanino Liberatore.

C’est dans cette effervescence que Stephano Tamburini pose les bases de Ranx. « On se voyait tout les jours », se rappelle Liberatore, « Stephano nous racontait ses histoires et nous connaissions Ranx avant qu’il ne le dessine ». Car effectivement, si pour beaucoup les traits du colosse électronique sont associés à Tanino Liberatore, c’est bien Stephano Tamburini son créateur et premier dessinateur.

Publié dans Cannibale en 1979, “Les origines” de Ranx sont dans la veine de la science fiction « No future » de l’époque (qui donnera naissance quelques mois plus tard au mouvement cyberpunk). Reflet de son temps et, quelque part, terriblement prémonitoire, elle nous plonge dans le Rome de 1988 (futur proche, à l’époque de la création de la BD, désormais version dystopique des années 80). Une mégalopole technologique tentaculaire où sévit un zonard ultra-violent qui se révélera être, après un coup de chaine à vélo en pleine tête, un robot super costaud. Un cyborg fabricolé à partir d’une photocopieuse Xerox par un activiste responsable des attentats de 1986.

La carrière de Ranx aurait pu se terminer quelques pages plus loin, avec la mort de son créateur, abattu par la police alors qu’il réparait ses dégâts. Son potentiomètre « violence » étant réglé à ce moment là sur maximum, le cyborg se saisissait d’une arme, ripostait et s’enfuyait seul dans la nuit.
Mais le public va en décider autrement. Frustré par cette non fin, il réclame à corps et à cris la suite des aventures du punkdroïde.
Tamburini, qui avait joué à fond la carte de l’ultra violence gratuite dans l’introduction de son univers, recentre les débats sur l’amour inconditionnel de Ranx, la bête, pour Lubna, la belle, non, une petite chieuse camée jusqu’aux yeux. Deux nouveaux épisodes qui font également un carton et permettent à la BD devenue culte de se poursuivre dans un environnement plus professionnel, via un nouveau magazine du nom de Frigidaire. Mais conscient des limites de son graphisme, Stephano Tamburini profite de ce nouveau départ pour confier celui de son bébé à Tanino Liberatore.
Sortie en 1980 dans Frigidaire, “Ranx à New-York” (fruit d’un récent séjour de Tamburini à New-York) est publié l’année suivante en France dans L’Echo des Savanes. Le choc (j’y étais) est énorme !
En plus d’un scénario de Stephano Tamburini, qui, frappé par la faculté des américains de tout transformer en spectacle, fait monter son cyborg sur les planches pour incarner Fred Astaire dans un show télévisé. Le graphisme hyperréaliste de Tanino Liberatore propulse l’univers et les personnages de Tamburini au rang d’icône.
La Bête fait fureur !
Et les projets de film affluent. Mais si le zonard synthétique italien a assurément influencer plus d’un androïde de cinéma (“Blade Runner”, “Robocop”, “Terminator”), Ranx ne connaitra pas, enfin jusqu’à présent, les honneurs du cinéma (Et pourtant, Ron Perlman en Ranx….).

Qu’à cela ne tienne. Lassé de New-York, Ranx décide d’offrir un cadeau d’anniversaire à Lubna, un billet d’avion retour pour Rome. Malgré son titre, “Bon anniversaire Lubna” ne se fait pas sans heurt. Sexe, drogue, rock’n roll et destructions massives sont de nouveau en rendez-vous d’un second opus dans lequel Tamburini fustige les milieux artistiques, la quête de la nouvelle sensation et des fêtes branchées où il faut absolument être. Quant à la môme Lubna, à peine de retour au bercail, elle part avec ses copines retrouvées chopper de la came, se retrouve coursée par un monstre fan d’Elvis Presleyet devra sa survie à l’intervention d’une bande de mioches armés jusqu’aux dents. Que voulez-vous, Ranx, c’est définitivement punk, trash destroy.

D’ailleurs, il dévaste tout sur son passage et plus rien ne semble en mesure de l’arrêter. Enfin, pensait-on, avant l’overdose fatale de Stephano Tamburini à Rome, en avril 1986, qui laisse derrière lui le scénario inachevé du 3e album de sa créature cybernétique.

On n’ose trop y croire quand un peu plus de 10 ans plus tard, Tanino Liberatore s’associe à Alain Chabat, fan de Ranx depuis toujours, pour exhumer et achever l’œuvre de Tamburini. Le futur d’alors est déjà passé mais qu’importe, en reprenant le récit interrompu sans en changer la date, Liberatore et Chabat livrent une BD de science fiction qui transcendent les époques et les modes.
On a certes un peu de mal à discerner ce qui dans “Amen !” vient de Tamburini et ce qui est de la tambouille de l’ex-nul. On y découvre, en effet, que le père de Lubna, la petite peste, et un magnat de l’industrie manipulateur. Et si la trame de ce 3e opus est un rien capillo-tracté aux tenants et aboutissants un brin obscurs, le graphisme de Tanino Liberatore est en revanche une nouvelle grande réussite.

ZNÔRT !


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INTERNET

Le site de Stephano Tamburini : http://www.stefanotamburini.com/
Le site de Tanino Liberatore : http://www.taninoliberatore.com/
Le site de Glénat Drugstore : http://www.drugstorebd.com/


© Glénat Collection Drugtore - Tous droits réservés




Bruno Paul
20 mai 2010




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Stéphano Tamburini



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Tanino Liberatore



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