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Highgate
Betbeder, R. Crosa & B. Marquebreucq
Soleil

Londres, an 2015. Les corps de six grands footballeurs sont retrouvés totalement vidés de leurs fluides, comme lyophilisés. Harbor, jeune inspecteur phobique du sang, est envoyé sur place pour enquêter. Cette recherche le mènera rapidement vers le cimetière d’Highgate, haut lieu de l’occultisme britannique. Là-bas, David Ferguson, déjà connu de Scotland Yard pour être un illuminé et nécrophile chronique, est surpris par des enfants alors qu’il dépose des poches de sang devant un caveau chargé de légende…



Le pitch était séducteur. Un mélange d’occulte et de thriller promettait une histoire de fantastique sombre dans un univers à la fois fascinant et dangereux. Cependant, on déchante assez vite car s’il n’est pas mauvais, l’album n’a rien non plus d’exceptionnel, à commencer par le dessin. Il s’est en effet avéré assez difficile pour moi de passer les premières pages, non pas parce que le scénario n’était pas aguicheur, mais parce que les traits coupés au couteau des personnages, les décors peu soignés et la colorisation numérique minimaliste ont été autant de douches froides.
Il m’est arrivé deux fois de devoir revenir en arrière pour vérifier s’il s’agissait toujours du même personnage ou si c’était un nouveau, ce qui rend parfois le suivi un peu difficile.
Le scénario très découpé, jouant sur des moments où l’on flotte entre hallucination et réalité, n’est vraiment pas servi par ce dessin semi-réaliste froid. Dommage.

Avec des illustrations plus adéquates, on aurait certainement pu davantage rentrer dans le récit qui joue sur la mécanique déjà bien rodée de l’enquêteur cartésien confronté à des situations surnaturelles. Même si le concept a été vu et revu autant au cinéma que dans la littérature, il continue néanmoins de fonctionner dès lors qu’il utilise les bons ingrédients et les bons ressorts.

L’exploitation du bien réel cimetière de Highgate et de la légende de son vampire, très en vogue dans les cercles occultes des années 70, est une bonne trouvaille. Certains passages font se hérisser les poils des bras et on est rapidement fasciné par ce lieu si mystérieux.
Néanmoins, on s’interroge parfois sur l’utilité de certaines scènes ou de quelques personnages. Par exemple, l’auteur marque fortement l’identité des victimes alors que le fait qu’elles aient été joueurs de foot ou danseuses étoiles ne change strictement rien à l’affaire. Cette dernière est, par ailleurs, assez linéaire. L’inspecteur, que l’auteur prend le soin de présenter, n’agit pas beaucoup au final. Il n’y a pas réellement d’enjeu outre débrouiller les meurtres étranges du début. Dès que les investigations sont lancées, il –et on- n’a qu’à suivre le déroulement qui se fait sans surprise. Les indices tombent facilement et les choses sont ce qu’elles semblent être malgré le jeu entre rêve et réalité. S’il n’y avait pas le contexte d’occulte et les références à des faits magiques, le rendu aurait été totalement plat. Il n’y a aucun ressort à l’enquête et aucune utilité à s’investir mentalement ou émotionnellement.

On en vient même à se demander s’il n’y a pas eu erreur sur le point de vue adopté et si plutôt que de nous servir cette enquête trop facile, l’auteur n’aurait pas mieux fait de focaliser son récit sur les personnages qui ont réellement un rôle dans l’histoire. Dommage en effet que le cœur de l’intrigue et le frisson de l’affaire soit raconté à la troisième personne par un personnage secondaire à un héro passif.

Bon, franchement, pas besoin de s’arrêter. Que ce soit du point de vue du scénario comme -et surtout- du dessin, rien ne vaut vraiment de détour.


Highgate
- Scénario : Betbeder
- Dessin : R. Crosa
- Couleurs : B. Marquebreucq
- Éditeur : Soleil
- Dépôt légal : septembre 2009
- Pagination : 48 pages couleur
- ISBN : 978-2-30200-569-3
-  Prix public : 12,90€


© Soleil (2009)



Myriam Bouchet
28 mai 2010




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