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Adèle Blanc-Sec
Film français de Luc Besson (2009)
14 avril 2010

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Genre : Aventure fantastique
Durée : 1h47

Avec Mathieu Amalric (Dieuleveult), Louise Bourgoin (Adèle Blanc-Sec), Philippe Nahon (Professeur Ménard), Gilles Lellouche (Inspecteur Léonce Caponi), Nicolas Giraud (Andrej Zborowski), Jean-Paul Rouve (Justin de Saint-Hubert), Moussa Maaskri (Akbar), Laure de Clermont-Tonnerre (Agathe Blanc-Sec), Jacky Nercessian (Marie-Joseph), Swann Arlaud (Crieur de journaux 4), Youssef Hajdi (Aziz), Christophe Dimitri Réveille (La momie Shelsoüt), ...

Mon impression à la suite de la projection d’« Adèle Blanc-Sec » de Luc Besson est, comment dire ? Mitigée.
Aussi, pour mieux vous faire part de mon sentiment, vais-je partager ma critique en deux : un avis tout d’abord relativement objectif sur le film, puis un second, plus... vous verrez, en relation avec la bande dessinée de Tardi dont le film est censé être tiré. Oups, j’en ai déjà trop dit. Néanmoins, que vous soyez néophyte ou incollable sur Adèle Blanc-Sec, je vous conseille la lecture des deux.

L’avis objectif sur le film, ou ce qu’on en pensera en venant au ciné sans a priori ni lecture préalable

Luc Besson fait du cinéma populaire. Dans le sens noble du terme, c’est-à-dire pour les gens, ceux qui vont se divertir, et pas cogiter deux heures (en ayant en plus payer leur entrée). En cela, il se rapproche, comme il ne s’en est jamais caché, d’une vision hollywoodienne du septième art. D’ailleurs, on pourra faire un parallèle très facile avec le duo emblématique de cette vision du cinéma, Steven Spielberg et George Lucas. « Adèle Blanc-Sec », après une courte introduction, s’ouvre sur une aventure égyptienne qui n’a rien à envier à « Indiana Jones ». Voire même lui doit tout : on retrouve les passages secrets, les machines bizarres du passé, les trésors inviolés mais mortels, les ouvriers fourbes et traîtres, et même le méchant Doktor, qui ici est français et pas nazi, mais peu importe, il a une sale tronche (au passage, c’est Mathieu Amalric, méconnaissable).
Adèle s’en sortira comme une héroïne, à la force de son intelligence et de son savoir, et rentrera à Paris avec sa momie tant convoitée. Et là, on nous explique un peu pourquoi la belle journaliste aventurière a fait tout ça : sa sœur est atteinte d’une grave maladie, et Adèle pense que seule la science médicale égyptienne est en mesure de la sauver. Aussi est-elle allée chercher le chirurgien de Ramsès II.

Mais, me direz-vous, à quoi sert un médecin mort depuis des millénaires ? C’est là que nous raccrochons avec la scène initiale, qui a vu Esperandieu, un vieux médium bien calé dans son fauteuil, redonner vie à un ptérodactyle du Jardin des Plantes.

Mais depuis sa naissance, la bête du jurassique fait des siennes, et après une enquête où la chance et le hasard font les affaires du rondelet inspecteur Caponi (Gilles Lellouche, tout aussi méconnaissable), Esperandieu est arrêté et condamné à la guillotine pour les meurtres du monstre. Adèle, grâce à un art du déguisement à faire pâlir Arsène Lupin, va alors tout faire pour le libérer. Elle l’arrachera finalement à la mort au pied de la Louisette, dans un sauvetage de haut vol, juchée sur le ptérodactyle.

Le vieil homme, blessé par le chasseur dépêché par la police pour abattre le reptile volant, n’a que le temps d’user de son pouvoir avant de trépasser. La momie se révèle très cordiale, mais hélas pas la bonne. Il faudra profiter d’une visite au Louvre, où Ramsès et sa cour sont exposés, pour corriger l’erreur et ramener la sœur Blanc-Sec d’entre les presque-morts. Et tout est bien qui finit bien, hormis le clin d’œil final, de mauvais augure pour l’héroïne, qui s’embarque en croisière sur le Titanic.

On le voit, le scénario est linéaire au possible (je vais chercher quelqu’un qui va m’aider à trouver quelqu’un qui va à son tour, etc. Le même que dans « Matrix Reloaded ».), et relativement découpé en scènes qu’on voudrait rapprocher de la tomaison de la bande dessinée originale. Il n’en est en fait rien, et on remerciera juste le talent de Besson de faire tenir son histoire en moins de deux heures. Il filme d’ailleurs cela sans grande imagination, à l’image de la scène où la hiérarchie, par téléphone interposé, fait passer le bébé de l’enquête sur le ptérodactyle à son immédiat subalterne, depuis le Président jusqu’à l’inspecteur Caponi. Revoyez « L’Assassin habite au 21 », de Clouzot, ça a 50 ans et c’est bien mieux fait.

Le film, sans sombrer dans la comédie, garde une large place à l’humour, avec une héroïne qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui milite activement contre la discrimination de son sexe. Femme forte, elle sait aussi jouer de ses charmes, avec le Président de la République ou un gentil assistant du Jardin des Plantes, pour parvenir à ses fins. On regrettera la scène du bain, qui n’a d’autre intérêt que d’exhiber (à ce niveau, on ne peut plus parler de seulement entrevoir) la blanche poitrine de Louise Bourgoin. Mais bon, il en faut pour tous les publics. Si l’humour naît généralement du décalage entre les personnages avec Adèle qui vous répond comme une poissonnière, un inspecteur Caponi toujours à deux doigts du miracle et perpétuellement empêché de casser la croûte, on aura droit à du plus enfantin, comme la bouse de ptérodactyle ou le baiser de Ramsès. Certaines répliques, à l’image des blagues de Caponi, peineront à tirer un sourire (comme le Pharaon qui, sortant du Louvre, verrait bien des pyramides dans la cour...), et d’autres choses plus subtiles feront plaisir (trouverez-vous la référence à « Tintin » ?)

Une mention aux effets spéciaux, d’assez bonne qualité. Les momies sont crédibles, Adèle sur sa monture volante l’est beaucoup moins.

En conclusion, Besson livre un film très grand public, d’une esthétique irréprochable, fantastique sans faire peur, drôle sans être hilarant, une version franchouillarde et parisienne d’« Indiana Jones », qui saura certainement séduire le plus grand nombre. Mais certainement pas un film impérissable, qui n’effacera pas les chefs-d’œuvre de ses débuts.

Et maintenant, si vous avez lu les bandes dessinées... ou si vous comptez le faire

Je les ai personnellement lues il y a peu, à l’annonce du film. Jamais bien accroché au dessin de Tardi, assez particulier il faut le dire. La promo du film disait que l’intrigue s’appuyait sur les 4 premiers tomes. Il faut le dire vite. En effet, certains éléments sont repris ; Certaines scènes, comme l’ivrogne du « Monstre de la Tour Eiffel », sont adaptées, mais rendues quasi à l’identique, ce qui donnera de nombreuses impressions de déjà-vu.
Comme expliqué plus haut, l’intrigue du film n’a rien à voir avec celles des bandes dessinées. Il faut reconnaître que ces dernières sont tordues et gratinées, mêlant complots et non-dits qui rendent la compréhension laborieuse et l’explication finale aussi longue qu’indispensable. Reconnaissons à Luc Besson d’avoir épuré tout cela pour rendre une histoire compréhensible du premier coup.

Après... il a fallu faire des coupes franches. Exit le petit avion en forme de saurien volant, Adèle se refait une virginité morale et n’est plus la fiancée d’un truand, mais une gentille journaliste, quoiqu’un peu rude sur les bords. Là, Besson a chargé la mule, et Louise/Adèle prend parfois des airs de mégère lorsqu’elle répond vertement à un homme, soit à tous les autres protagonistes de cette histoire, sa sœur exceptée.
À la poubelle également le complot avec le commissaire principal, les petits vieux sectaires, l’actrice folle ou seulement les différents savants fous qui rêvent de résurrections. Demeurent les momies, d’ailleurs assez vite bradées une fois la frangine guérie.
La référence finale au Titanic, avec le retour du méchant Doktor du début, est, cela va sans dire, très en deçà de l’utilisation qu’en fait Tardi dans son album, beaucoup plus subtile.

Bref, ne remuons pas trop le couteau. Si vous êtes un fan de la bande dessinée, vous serez déçu. Comme toujours. Si vous n’avez pas aimé la BD, vous pourrez vous amuser, et apprécier une histoire moins prise de tête, et dont vous possédez quelques clés.

En conclusion...

Luc Besson nous prouve encore, après « Arthur et les Minimoys », qu’il sait faire aussi bien que les Américains. Mais mieux, non. Il pourrait élever le divertissement un cran au-dessus, comme l’a fait « Indiana Jones » en son temps, mais non. Reste un film qu’on hésitera probablement à regarder à la télé un dimanche soir. Comme d’autres superproductions françaises qui piochent dans notre patrimoine : « Belphégor », « Arsène Lupin »...

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Luc Besson
Scénario : Luc Besson d’après la BD de Jacques Tardi

Producteur : Virginie Silla
Producteur associé : Luc Besson

Image : Thierry Arbogast
Montage : Julien Rey
Création des décors : Hugues Tissandier (luc Besson)
Création des costumes : Olivier Bériot

Production : Europa Corp., Apipoulaï, TF1 Films Production, Canal+, Sofica Europacorp, Cofinova 6
Distribution : EuropaCorp. Distribution (2010)

INTERNET

Le site officiel : http://www.adeleblancsec-lefilm.com



Nicolas Soffray
23 mai 2010



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