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Première Loi (La) T.1 : Premier sang
Joe Abercrombie
Pygmalion, Fantasy, roman, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne), fantasy épique, 574 pages, mars 2010, 19,90€

Logen neuf-doigts, barbare redouté, risque de perdre la vie dans une embuscade et s’en sort de justesse. Jezal Dan Luthar est un jeune officier rêvant de remporter un tournoi d’escrime. L’Inquisiteur Glotka est un tortionnaire de haut vol qui s’interroge sur l’utilité de son métier dans un monde en mutation. Trois destins qui se verront réunis…



Ces derniers temps, la Fantasy british post-Gemmell semblait avoir perdu le goût de l’épique, comme si elle avait du mal à assumer le meurtre du père (Tolkien, bien sûr), quitte à laisser le champ libre à des tâcherons produits à la chaîne des ateliers d’écritures d’outre-atlantique et usinant du nonorc et du nenelfe comme on prépare des surgelés. Présenté comme le nouvel espoir, Abercrombie réussit-il à remettre la verte Albion sur la carte ? La réponse est indiscutablement oui.

La structure en trois histoires personnelles finissant par se rejoindre est certes classique, mais somme toute, le genre lui-même est plutôt voué aux variations sur thème imposé. Mais Abercrombie emploie magistralement tout ce qui fait défaut aux tâcherons précités. D’abord par un travail sur les personnages inhabituels : lors d’un passage de toute beauté, Logen se dit parfaitement conscient de son statut d’anti-héros uniquement bon à massacrer sans réfléchir et Glotka l’inquisiteur, s’il ne se voit pas en méchant, ne cesse de s’interroger sur sa fonction au sein d’intrigues de cour byzantines — et heureusement, l’auteur nous épargne les scènes de torture proprement dite ! Il est révélateur que le seul personnage pouvant servir de héros, ce jeune bretteur bardé de rêves de gloire (à noter que, pour une fois, les scènes d’escrime longuement décrites sont convaincantes) s’avère un rien nunuche !

Bref, on n’est pas loin du roman picaresque, voire rabelaisien face à cette cour des miracles où se bousculent des personnages parfois grotesques, mais toujours crédibles, ce qui est rare dans le genre, et aux dialogues particulièrement vivants.

On peut y ajouter un travail sur la langue et les atmosphères également inhabituel avec des descriptions luxuriantes, loin du vocabulaire verbe-sujet-complément en vigueur, à travers une traduction remarquable. Cerise sur le gâteau, l’auteur témoigne d’un véritable sens de l’épopée, avec un souffle suffisant pour se maintenir sur plus de 500 pages — ce qui ne s’apprend pas en atelier d’écriture, mais témoigne d’un véritable romancier. Pas une révélation majeure certes, mais à coup sur une découverte et un premier volume captivant qui mérite largement un achat en grand format.

Par un curieux détour d’édition, ce roman avait connu une première publication chez J’ai Lu en 2008 sous le titre plus évocateur de « L’Éloquence de l’Épée », avec la même traduction. Pour l’instant, les espions de la Yozone n’en savent pas plus…


Titre : Premier sang (The First Law 1 : The Blade Itself, 2006)
Série : La Première Loi, livre 1
Auteur : Joe Abercrombie
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Brigitte Mariot
Couverture : Studio Flammarion
Editeur : Pygmalion
Collection : Fantasy
Site internet : page roman (site éditeur) (où il est étrangement classé en “policier” !!)
Pages : 574
Format (en cm) : 14 x 23
Dépôt légal : mars 2010
ISBN : 978-2-7564-0294-9
Prix : 19,90 €



Thomas Bauduret
19 mai 2010


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