Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Sherlock Holmes & Les Vampires de Londres (T1) L’Appel du Sang
Sylvain Cordurié,Vladimir Krstic-Laci, Axel Gonzalbo, Jean-Sébastien Rossbach
Soleil Prod., 1800

Officiellement décédé en Suisse, Sherlock Holmes est en fait revenu incognito à Paris où son frère le rejoint. Le but de l’opération ? Coincer les acolytes du néfaste professeur Moriarty une bonne fois pour toutes.

Mais ce que le grand détective n’avait pas prévu, c’est que bien avant de pouvoir combattre les derniers comparses de Moriarty, il allait devoir louer ses services à des vampires. Et Sherlock Holmes n’a pas vraiment le choix car la vie de ses amis est en danger s’il refuse...

Une excellente BD qui détourne avec talent l’œuvre de Conan Doyle en l’orientant vers des thématiques fantastiques évidentes.



Dans la multitude de BD ou de romans qui s’empressent de réécrire l’histoire littéraire (ou la grande histoire) du 19e siècle à grands coups de versions imaginaires ou uchroniques de cette ancienne réalité, il faut ici saluer le remarquable travail réalisé par la doublette Cordurié (scénario) et Krstic-Laci (dessin).
L’Appel du Sang”, premier tome du tout nouveau diptyque (deux volumes) intitulé “Sherlock Holmes & Les Vampires de Londres”, réussit le tour de force de réinventer en profondeur le mythe du premier grand détective du genre policier, tout en le faisant basculer vers un versant fantastique que Conan Doyle n’avait jamais effleuré dans ses aventures originales. Et pourtant, rien ne choque dans cette histoire au dessin évocateur et mystérieux, parfaitement écrite et scénarisée.
Certes, tout cela lorgne un peu vers les aventures d’Harry Dickson, le détective de l’étrange popularisé par l’écrivain Jean Ray dont les enquêtes eurent toujours plus à voir avec des causes surnaturelles que concrètes, un principe factuel et bien réel qui fut toujours la marque de fabrique du récit holmésien.

Nous retrouvons donc ce bon vieux Sherlock Holmes à Paris, officiellement décédé, mais bien vivant et franchement motivé par un ultime combat à livrer contre les sbires du professeur Moriarty (le super méchant créé par Conan Doyle, pour les plus jeunes lecteurs qui n’auraient pas lu les œuvres de référence).
À sa grande surprise, Sherlock Holmes va pourtant être recruté par le terrifiant Selymes, grand maître des vampires d’Angleterre, afin de capturer un autre vampire, l’étrange Chanes, qui s’obstine à trucider des proches de la Reine Victoria. Le but de la manœuvre étant d’entraîner la royauté dans une lutte exterminatrice des créatures de la nuit et de faire exploser les accords qui existent entre le gouvernement anglais et les buveurs de sang.
On n’imagine évidemment pas Holmes accepter un tel marché par plaisir. Et c’est pour cela que Selymes se fait très bien comprendre du détective en prouvant que nul ne peut lui résister. Pas plus Holmes qu’un autre... Sous entendu effrayant et motivant, Mary Watson et sa famille ne sont à l’abri de rien et surtout pas des vampires !

JPEG - 67.3 ko

Et le terrifiant Chanes entre en scène dès les premières pages ! (in “Sherlock Holmes & Les Vampires de Londres : L’Appel du Sang” - Soleil Prod.).

De découvertes narratives en circonvolutions fantastiques, le scénario de Sylvain Cordurié s’approprie le mythe littéraire, le tord, s’irrigue des grandes lignes du personnage, et parvient à maintenir une rigueur stylistique qui force les bravos.
Sens des cadrages et des détails, le dessin de Vladimir Krstic-Laci est soit très évocateur d’ambiances malsaines, soit ultra précis, purement descriptif et très documenté. De la belle ouvrage qui ne faiblit jamais en quarante-quatre pages.

JPEG - 59.5 ko

Paris, 12 juin 1891 : Un beau travail graphique sur les détails, mais aussi sur les cadrages. (in “Sherlock Holmes & Les Vampires de Londres : L’Appel du Sang” - Soleil Prod.).

Avec le coloriste Axel Gonzalbo, nous avons enfin droit à une vraie recherche sur les couleurs et malgré l’utilisation de tons très sombres, requis par l’intrigue (qui dit vampires, dit ombre, nuit et brouillard), il n’y a jamais de saturation visuelle, mais au contraire, de très fines variations de la palette utilisée.
Belle surprise, pour une fois, l’exercice de style qui vise à confier la réalisation de la couverture à un autre illustrateur que celui de la BD tombe juste. Jean-Sébastien Rossbach propose une vision toute personnelle, classique et inspirée, d’un épisode central de ce premier volume, mais respecte totalement le dessinateur Vladimir Krstic-Laci en ne dénaturant pas ce qui suivra.

On ressort donc cet album au suspense très serré avec la ferme intention d’en conseiller très énergiquement la lecture, mais aussi avec un petit pincement au cœur car la suite (et donc la fin du récit) est prévue pour mai 2010 (déjà !).
Bref, pas une once de reproche dans la besace. La toute nouvelle collection 1800 dirigée par Jean-Luc Istin est lancée sur de bons rails par une œuvre intéressante, aboutie et d’excellente facture.

À mon humble avis, une des meilleures BD hexagonale de ce début d’année 2010.


(T1) L’Appel du Sang
- Série : Sherlock Holmes & les Vampires de Londres
- D’après le personnage créé par : Conan Doyle
- Scénario & lettrages : Sylvain Cordurié
- Dessin : Vladimir Krstic-Laci
- Couleurs : Axel Gonzalbo
- Couverture (cartonnée) : Jean-Sébastien Rossbach
- Conception graphique : Studio Soleil
- Éditeur : Soleil Prod.
- Collection : 1800
- Dirigée par : Jean-Luc Istin
- Sites Internet : fiche album (site éditeur), une liste de sites sur Sherlock Holmes, la Société Sherlock Holmes de France, une interview de Sylvain Cordurié sur le site de la SSHF
- Nombre de pages : 44 (quadri)
- Format (en cm) : 23 x 32
- Parution : 27 janvier 2010
- ISBN : 978-2-30200-966-0
- Prix : 13,50€



© Couverture, illustrations et extraits : Jean-Sébastien Rossbach, Sylvain Cordurié, Vladimir Krstic-Laci, Axel Gonzalbo - Soleil Prod. 2010.



Stéphane Pons
6 mai 2010




JPEG - 33.8 ko



Chargement...
WebAnalytics