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Moi, Howard Phillips Lovercraft
Jacky Ferjault
Œil du Sphinx, Le Bulletin de l’Université de Miskatonic, vol 1, biographie romancée (France), décembre 2004, 254 pages, 20€

On parle souvent des petits éditeurs sur le mode condescendant. Et l’on a souvent tort, les grands lecteurs le savent bien. Un exemple ?

Les Éditions de l’Œil du Sphinx publient ainsi régulièrement des livres largement plus intéressants que 80% de la production hexagonale SF ou Fantastique.
La règle est encore confirmée avec cette toute dernière livraison.



En s’intéressant à Howard Phillips Lovecraft, Jacky Ferjault a choisi le sujet retors par excellence.
D’abord parce qu’il s’agit d’un des grands maîtres de la SF et ensuite parce que la liste des hagiographes de cet auteur est impressionnante. Il est vrai que son aura a dépassé depuis longtemps les frontières des littératures de l’imaginaire. Celui que l’on surnomma un peu à tort visiblement « le reclus de Providence » est un auteur reconnu et adoubé par les grandes plumes littéraires depuis bien longtemps.

En choisissant une méthode originale, la biographie romancée, Jacky Ferjault prenait un risque majeur. Si la mode est à ce type d’ouvrage depuis plusieurs années -en Angleterre principalement- et a trop souvent accouché d’un lot de grosses « bouses » assez ridicules, ce « Moi, Howard Phillips Lovecraft » évite les écueils avec un art consommé du détail entièrement issu de l’érudition de l’auteur. En entremêlant extraits des courriers de HPL et rédactions venues d’outre-tombe, le biographe s’est montré courageux -et souvent inspiré.

Courageux car il n’était pas évident a priori, d’intégrer cette écriture à son propre langage ; inspiré car il faut une sacrée dose d’ubiquité pour réussir une telle entreprise.

Mission accomplie ! Jacky Ferjault livre un récit captivant pour qui veut mieux comprendre HPL. La fusion des styles est si étonnante que sans les changements typographiques (italiques pour les textes originaux et standard pour ceux de Jacky Ferjault), on serait bien en peine de reconnaître les les uns du travail de l’autre.

Cerise sur le gâteau, on devine bien des choses que l’on ne savait pas obligatoirement à travers cet exercice de style qui ne se limite heureusement pas à un travail de styliste, mais s’apparente plus au grand œuvre d’un passionné érudit. Dans le désordre, HPL n’était pas si reclus que cela, pas si asocial qu’on le pense et moins conservateur qu’on ne le supposait.

Comme le souligne Joseph Altairac dans sa courte et efficace préface :
- « Lovecraft était un grand rêveur, on le savait, mais certains de ses lecteurs ignoraient sans doute à quel point, sur ce sujet, il pouvait se montrer proche d’eux ».

Jacky Ferjault eût-il simplement réussi cette gageure que ce livre aurait déjà valu l’investissement. Rassurez-vous, il a fait bien plus en cassant l’image souffreteuse de l’auteur maudit et en nous rendant Lovecraft plus vivant et humain qu’on ne le croyait. Briser huit décennies d’idées reçues n’était pas une mince affaire, Jacky Ferjault gagne son pari et s’en tire donc haut la main dans un registre bien différent de celui exploré par Michel Houellebecq sur le même sujet.


Titre : Moi, Howard Phillips Lovecraft
Auteur : Jacky Ferjault
Genre : Biographie imaginaire et omancée (?)
Éditeur : Éditions de l’Œil du Sphinx (36-42, rue de La Vilette, 75019 Paris)
Collection : Le Bulletin de l’Université de Miskatonic, vol1
Site Internet : http://www.oeildusphinx.com
Pages : 254
Format : 140 x 225 mm
Dépôt légal : décembre 2004
EAN : 9 782914405195
ISBN : 2-914405-19-7
Prix : 20€



Stéphane Pons
16 mars 2005


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