Nous les avions connu sans grande morale, partants pour tous les mauvais coups qui pourraient leur rapporter, sans grande fatigue, fortune et bonheur, ils reviennent très exactement dans les mêmes dispositions d’esprit. Cool !
En cette triste époque où même les héros les plus démoniaques se sentent tenus de faire le bien, d’être positifs et assument finalement une rectitude morale fatigante, la renaissance des Pieds Nickelés a ceci de réconfortant qu’elle remet au goût du jour un mauvais esprit évident, totalement en conformité avec l’air du temps : chacun pour soit et tout pour moi !
Enfin, sauf qu’eux, c’est tout pour eux !
Les éditions Delcourt ne pouvaient rester insensibles aux déclarations d’intentions de deux petits jeunes, fans des hauts faits d’armes des trois misérables. Aussitôt évoquée par Trap et Oiry, l’idée de reprendre cette série a été acceptée et fin 2009 sortait :“ La Nouvelle Bande des Pieds Nickelés - Pas si mal logés !”.
Où Les Pieds Nickelés découvrent les bars du 21e siècle... sans alcooliques, ni tabac d’ailleurs (in « La Nouvelle Bande des Pieds Nickelés - Pas si mal logés ». Éditions Delcourt, 2009).
Entre les aventures originales rééditées par Vent d’Ouest (cf. “Le Meilleur des Pieds Nickelés : 100 ans”) qui ont toujours œuvré pour la plus grande gloire des Pieds Nickelés et cette nouvelle version, le dessin a certes évolué, entre simplicité bien comprise et modernité assumée, mais, étrangement, on retrouve, chemin faisant, certains aspects graphiques qui faisaient la modernité intemporelle de Louis Forton, leur créateur.
Les personnages sont « petits », très stylisés et le réalisme du dessin proposé par René Pellos après-guerre a disparu. La colorisation totale des trente pages éditées est très franche, assez moderne, mais ne fait pas dans l’outrance non plus.
Côté scénario, on apprécie les thématiques abordées : les problèmes du logement, l’exploitation de la misère, les marchands de sommeil, les stars de la chanson sur le retour qui font dans l’humanitaire, les élus qui se targuent d’écouter leurs ouailles (mais s’en fichent royalement)... Le 21e siècle ne sort pas épargné des trois chapitres qui, agrégés, composent cette histoire.
Pour les dialogues (sans doute la partie la moins réussie), les auteurs n’ont pas encore cerné leur future identité, oscillant entre un argot très classique et des répliques, parfois excellentes, mais généralement trop emphatiques (l’exercice de style est parfois trop proche). En fait, c’est surtout quand la BD oublie ses racines linguistiques et utilise le parler de son époque que tout s’ordonne et fonctionne parfaitement.
logement de fortune et tableau de maître, s’il en est ! (in « La Nouvelle Bande des Pieds Nickelés - Pas si mal logés ». Éditions Delcourt, 2009).
Coup d’essai et presque coup de maîtres, ce premier opus de Trap et Oiry (“Pas si mal logés !”) laisse la porte ouverte à de belles espérances qui, espérons-le, seront confirmées avec le tout prochain “Bio-Profiteurs” à paraître.
La bonne nouvelle étant aussi dans la préservation de la particularité essentielle des Pieds Nickelés : Rien à foutre des autres !
Ouf, 2010 avait décidément bien besoin de héros rigolos qui ne pensent pas comme de gros hypocrites !
Pas si mal logés (T1)
Série : La Nouvelle Bandes des Pieds Nickelés
D’après l’œuvre de : Louis Forton (Les Pieds Nickelés)
Scénario et couleurs : Stéphane Oiry et Trap
Dessin : Stéphane Oiry
Éditeur : Éditions Delcourt, 54, rue d’Hauteville, 75010 Paris
Collection : Humour de rire
Sites Internet : fiche album (site éditeur)
Nombre de pages : 30 (quadri)
Format (en cm) : 22,6 x 29,8 (couverture cartonnée)
Dépôt légal : 4 novembre 2009
ISBN : 978-2-7560-1809-6
Prix : 9,95€
© Couverture et illustrations : Stéphane Oiry et Trap - éditions Delcourt 2009.
